Unexpected trouble ═ ANATOLI

UNEXPECTED TROUBLE

Anatoli & Cornelia

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Aujourd'hui Cornelia était dépendante de son fiancé, sa voiture étant tombée en panne il y a quelques jours, il faisait office de chauffeur. La jeune femme avait les moyens de se payer un taxi, mais elle aimait ces brefs instants en sa compagnie, dont elle ne profitait pas si souvent puisqu'ils étaient tous les deux sur le front. C'était une manière de vivre qui leur convenait plutôt bien, ils étaient tous les deux passionnés par leurs métiers, alors ils ne comptaient pas les heures qu'ils passaient à leurs boulots et appréciaient d'autant plus les rares moments où ils se retrouvaient ensemble. La blondinette était plus investie que jamais, cette histoire d'hôtel perdu la rendait juste folle, c'était de l'inédit, mais surtout une grande source d'espoir, elle s'était persuadée qu'il s'agissait de la prison qui retenait son meilleur ami disparu, depuis une douzaine d'années. Elle était la seule personne de son journal à véritablement y croire, mais son père étant adorable il l'autorisait à écrire des articles là-dessus et à enquêter autant qu'elle le voulait. Cela agaçait d'autant plus ses collègues, qui la prenaient déjà pour une grosse pistonnée, alors savoir qu'elle pouvait avoir autant de liberté n’arrangeait pas les choses. Est-ce que cela lui importait ? Oui et non, oui parce qu'elle était gênée de ne pas avoir une vraie légitimité à leurs yeux et non, parce que cette affaire lui tenait à cœur et que rien n'y personne pourrait y changer quelque chose. Ils n'étaient pas les seuls à en avoir marre de cette obsession, Nathaniel aussi, lui non plus ne croyait pas à l'existence d'un monde parallèle, il en avait marre que sa future femme ne pense presque plus qu'à ça. Cornelia se sentait un peu seule au monde, elle aimerait trouver des personnes qui sont croyantes comme elle, mais cela s'avérait très difficile. Elle ne savait pas trop pourquoi, est-ce qu'ils se cachaient pour ne pas qu'on les prenne pour des fous ? Ou est-ce qu'ils avaient peur qu'on veuille leur subtiliser les objets ? Sûrement un peu des deux et c'était désespérant d'y penser. La journaliste ne perdait pas espoir, sa persévérance allait bien finir par payer, elle s'en était persuadée. En attendant, elle n'allait pas pouvoir faire grand chose sans moyen de locomotion, elle n'aimait pas prendre les transports et ses collaborateurs étaient réticents à l'idée de l'amener où elle le voulait. Elle avait donc été déposée devant Danis Auto, qui lui avait dit que tout devrait être prêt à cette date. Cornelia ne s'y sentait pas trop à l'aise, elle se retrouvait seule dans un lieu remplis de bonhommes encrassés, elle n'y était clairement pas à sa place. Cependant, elle était une grande fille et n'allait pas compter sur son fiancé pour y aller à sa place alors elle s'élança à l'intérieur et s'exclama : “ Bonjour, je suis Cornelia Abernathy, j'ai un rendez-vous afin de pouvoir récupérer ma voiture. ” La jeune femme cru voir une silhouette familière au loin, un homme qu'elle avait déjà vu aux côtés de James, son frère, ne serait-il pas l'ancien mécanicien de la boîte de celui-ci ? C'était une drôle de coïncidence, mais un gage de qualité car il n'embauchait pas n'importe qui.

CODAGE PAR AMATIS

unexpected trouble

Si Anatoli n’avait eu aucune envie de se lever ce matin, il n’avait pas eu le choix. Il avait pris en charge une nouvelle petite voiture arrivée quelques temps plus tôt et il se devait de terminer le côté un peu administratif qu’il laissait normalement à quelqu’un d’autre en temps général. Car ce n’était pas un dossier pour quelqu’un d’autre. Anatoli avait eu le temps de demander confirmation à l’un de ses collègues avec qui il avait pour habitude de blaguer : cette voiture n’avait rien d’anodine. En effet, il était persuadé que cette voiture avait été trafiquée, de façon à provoquer un bel accident. Il y avait une fuite au niveau du liquide de frein, de quoi laisser s’écouler goutte à goutte le contenu du récipient qui le retenait jusqu’à ce qu’il finisse vide et que son client n’ait plus qu’à appuyer sur la pédale de frein : il ne se serait rien passé. Parce que les freins eux-mêmes avaient aussi été sabotés. Harcèlement ou réelle personne en danger, Anatoli n’en avait aucune idée, mais il n’avait pas laisser passer ça. Le Bifrost pourrait être derrière tout ça et sa cliente pourrait être au courant de quelque chose, de bien trop de choses.
La cliente d’Anatoli venait de débarquer, il l’avait reconnue de loin et en entendant son nom prononcé, il se rendit compte que le nom qu’il avait vu sur le dossier lui disait quelque chose. Abernathy. James Abernathy, ça lui revenait ! C’était le frère de cette demoiselle, celui qui avait rejoint la légion. Cela expliquait pourquoi les freins de sa soeur avait été partiellement sectionnés. Quelqu’un en était après James, il ne savait pas encore qui, mais il finirait bientôt par en savoir davantage. Les questions allaient se poser, mais pour le moment, il avait autre chose à faire.

Il s’approcha du bureau de la secrétaire qui avait accueillie Cornelia, en tenue de mécanicien, complètement couvert de cambouis, s’essuyant les mains avec un torchon déjà sales.

— Je m’en occupe, dit-il à l’intention de la femme qui s’occupait de l’accueil. Bonjour, Mme Abernathy. Je me suis occupé de votre voiture, venez.

L’homme blond emmena la demoiselle jusqu’à sa précieuse voiture qui lui avait été confiée, la mine un peu perplexe.

— Bon, je vais pas y aller par quatre chemins. Votre bagnole, elle a été sabotée. Je sais pas par qui, je sais pas par quoi, mais va falloir creuser, parce que cette personne a cherché à vous tuer. Vos freins ont été sectionnés et le liquide de frein : percé. Vous avez une idée de qui peut avoir fait ça ?

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UNEXPECTED TROUBLE

Anatoli & Cornelia

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Le mécanicien était plus réactif, ce qui était très bien puisqu’elle n’avait pas très envie de poireauter dans un tel endroit, même si elle n’avait pas de véritables impératifs aujourd’hui. L’odeur qui régnait dans ce garage n’était vraiment pas agréable, même si elle ne s’attendait pas à ce que cela sente la rose. Il lui avait dit qu’il s’était occupé de sa voiture, ce qui voulait dire qu’elle avait été réparée en temps et en heure, ce qui lui décrocha un sourire. L’homme en question lui n’avait pas vraiment bonne mine, comme s’il allait lui annoncer quelque chose de négatif. La blondinette s’attendait à ce qu’il lui dise qu’il manquait une pièce ou que sa facture allait être alourdie, ce qui n’était pas bien grave en soi. Le visage de la jeune femme se décomposa lorsqu’il lui dit qu’il avait découvert un sabotage. “ Que… quoi ? ” Cornelia savait qu’elle n’était pas dans les petits papiers de tout le monde, mais de là à ce qu’on cherche à la tuer. Une autre personne aurait pu lui demander s’il était sûr de ce qu’il racontait, mais il avait vraiment l’air sérieux. Il lui posa une question qu’elle se posait déjà elle-même alors difficile de lui répondre. “ Non… Enfin je suis journaliste donc je ne suis pas aimée de tout le monde certes, mais de là à vouloir ma mort il y a un fossé. ” Cela n’était pas de la faute de son fiancé non plus, même s’il était banquier, les hommes de sa profession n’étaient visés que par des braquages. Les sourcils froncés, elle se triturait les méninges. Qu’est-ce qui avait bien pu changer des derniers mois pour qu’elle se fasse soudainement attaquée ? Elle n’avait pas fait le moindre article désobligeant envers des politiques ou d’autres personnes, d’après ses souvenirs. “ En ce moment je mène beaucoup de recherches sur l’hôtel perdu, je ne vois pas en quoi cela pourrait m’attirer des problèmes. ” Elle avait peut-être l’air naïve, mais elle répondait en toute franchise. La journaliste n’avait pas vraiment conscience de tout le danger qui entourait cette bâtisse, encore moins de l’insécurité que pouvait apporter les objets à leurs propriétaires. “ Après tout beaucoup de personnes n’y croient même pas. On me prend souvent pour une folle quand j’en parle, on me dit que je dois vraiment aimer perdre mon temps… ” C’était bien mal la connaître, à vrai dire il n’y avait pas d’affaire plus intéressante et intrigante que celle-ci, alors pourquoi elle changerait son fusil d’épaule ? Le mécanicien devait bien avoir une opinion à ce sujet, il n'allait sûrement pas tarder à la lui donner. Elle espérait qu’il n’allait pas rejoindre les rangs des personnes qui se moquaient d’elle, même si cela n’allait pas changer dans chose à sa vie, elle était quand même lassée d’être confrontée encore et encore aux mêmes attitudes...

CODAGE PAR AMATIS

unexpected trouble

La colère commençait à gronder dans tout son être, il ne savait pas encore vraiment mettre sur le doigt sur ce qui faisait monter aussi rapidement sa rage au ventre, peut-être l'évocation de la possibilité qu’un membre du Bifrost soit encore à l’origine de toutes ces conneries, de toutes ces tueries, ou peut-être parce qu’il ne fallait pas grand chose pour mettre l’homme blond en rogne. Il bouillonnait de l’intérieur, mais il faisait mine que tout allait bien, il avait simplement un visage fermé, rempli de négativité, les éclairs de courroux dans les yeux mais il ne laissait pas ses émotions prendre le dessus. Il restait figé sur sa cliente qui semblait doucement se décomposer, regardant furtivement de temps à autre si quelqu’un les écoutait, un autre mécanicien, une secrétaire, un vendeur ou bien un supérieur. Tout le monde était suspect, dans n’importe quel établissement. Il n’était plus possible de faire confiance à personne. Au loin, Anatoli apercevait la secrétaire occupée avec un nouveau client qui venait d’arriver. Anatoli n’avait pas la moindre idée de qui il s’agissait, puis un autre garagiste finit par pointer le bout de son nez pour prendre en charge la nouvelle personne. Une fois le spectacle achevé, bien qu’il n’ait duré que le temps d’un instant, le mécano reporta son attention sur Mme Abernathy qui semblait toujours sous le choc. Il apprit qu’elle était journaliste, mais en effet, si ils étaient souvent mal aimés, il n’y avait pas de raison apparente pour que quelqu’un veuille la mort de cette jeune femme. Les pensées parsemées de nuages sombres s’éclaircirent instantanément lorsqu’elle évoqua le fait qu’elle soit en train d’enquêter sur un hôtel perdu. Le vrai hôtel perdu.

— Lâche l’affaire. gronda-t-il.

Il n’avait pas donné davantage d’explications mais il avait donné un ordre strict qui ne donnait pas l’envie d’être transgressé. Il serra les dents en comprenant qu’elle s’était engouffrée dans la pire des merdes et qu’elle ne pourrait pas en sortir si facilement. Les journalistes étaient connus pour être têtus et déterminés et Anatoli savait qu’elle ne lâcherai pas. Il sentait que maintenant, il allait devoir la surveiller afin de la protéger, au risque qu’elle se fasse tuer. C’était dans ses gènes, chez Anatoli. Il se sentait désormais responsable d’elle, rien que parce que tout ça lui tenait à coeur.

— Laisse tomber, d’accord ? Qu’est-ce que tu crois ? Ils vont revenir, ils sont dangereux. C'était qu’un avertissement. La prochaine fois, ils te loupent pas. Donc t’oublies cette histoire, tu fais profil bas et tu trouves un autre sujet pour ton putain d’article, et tu te fais pas buter, c’est clair ?

Il avait clairement pas envie de débattre avec elle. Il voulait pas avoir à surveiller quelqu’un vingt-quatre heures sur vingt-quart. Il avait d’autres chats à fouetter, plus importants qu’une pauvre journaliste trop curieuse.

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UNEXPECTED TROUBLE

Anatoli & Cornelia

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La jeune femme s'attendait à presque toutes les réactions sauf à celle que le mécanicien venait d'avoir, il lui disait de lâcher l’affaire. Elle avait la désagréable sensation d’avoir été grondée telle une enfant. Interloquée, elle ne lui répondra pas un seul mot, pas même un oui. Il devait se douter qu’elle n’allait pas laisser tomber comme cela, alors il reprit la parole d’une manière un peu plus calme, qui passait mieux jusqu’à ce qu’elle entende ses dernières paroles. Alors comme ça il la prenait pour une énième journaliste qui voulait le succès, faire du buzz, en se servant de l’hôtel perdu ? Naturellement comme tout le monde elle voulait que sa boîte fonctionne et que ses articles soient lus, mais croire qu’elle enquêtait sur ça dans l’unique but d’écrire dessus était une grossière erreur. “ Écoutez, premièrement vous n’êtes pas mon frère ou mon père pour me donner des ordres ok ? Et même si c’était le cas, je ne me laisserai pas dicter ma conduite. ” C’était quand même vachement rude de recevoir des ordres de la part d’un parfait un inconnu. “ Deuxièmement vous ne me connaissez pas, vous jugez donc sans me connaître. Je ne cours pas après cet hôtel pour des raisons aussi futiles. ” Elle fut la première à avoir rédigé quelque chose sur le revenant de ce monde, enfermé dans un asile psychiatrique, mais ce n’était pas une raison pour la cataloguer, de toute manière elle était quasiment sûre qu’il ne l’avait pas lu. Si par hasard c’était le cas, il n’avait sûrement pas retenu le nom de la personne qui l’avait écrit. Cornelia était tellement obsédée par ses recherches, qu’elle en oubliait presque sa mise en garde. “ Hé merde… ” Oui, il arrivait à cette demoiselle propre sur elle de sortir des vulgarités, mais ce n’était pas à son encontre, c’était plutôt qu’elle pensait à voix haute, commençant à se rendre compte dans quel pétrin elle s’était glissée. Elle déposa sa main sur son front. “ Tout ce que je veux moi c’est retrouver mes proches, ils sont là-bas j’en suis certaine, je le sens. ” Elle ne savait pas pourquoi elle disait cela, il n’en avait certainement rien à faire de ses problèmes, il devait lui dire ça uniquement pour avoir bonne conscience, pour se dire qu’au moins il l’aurait prévenu si la prochaine fois lui était fatale. “ Je ne peux pas m’arrêter, pas après toutes ces années, ces putains de treize ans. ” Il avait l’air plus âgé qu’elle, il devait donc être encore mieux placé qu’elle pour savoir ce qu’était le temps perdu. “ Cet hôtel… il représente mon dernier espoir de les retrouver. ” Dit-elle d’une voix un peu plus basse, avouant cette terrible réalité. Si cette piste ne donnait rien alors, elle n’aurait plus qu’à baisser les bras et ça, ça allait juste lui fendre le coeur...

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