La vie est une chienne et moi son réverbère (Pierce)

Avez-vous déjà entendu parler de l'hôtel perdu ? Qu'en pensez-vous ?
Ouaip, j'en ai entendu parler et pas qu'un peu, parce que mon pote y croit dur comme fer, enfin il passe son temps à fumer de la beuh donc ça ne m'étonnerait pas qu'il soit passé à cette drogue là, Fantasia. En tous cas ça fait planer bien haut, entre ceux qui disent qu'ils se sont retrouvés dans le futur et d'autres dans un western, ce n'est pas très cohérent tout ça.
Avez-vous remarqué des changements, des comportements étranges dans votre entourage ?
En dehors de mon meilleur ami pas trop, je pense que la plupart des gens sont comme moi, ils ne croient pas à cette histoire. Quoique si, ma mère qui travaillait dans un asile psychiatrique, commence à dire des choses vachement bizarres, comme si elle croyait tous ces patients qui disent en sortir. Moi je pense juste que toutes personnes ont un besoin de s'évader et que c'est le prétexte parfait.
Imaginez que vous avez un pouvoir, qu'en feriez-vous ?
En tant que gros consommateur de films de super-héros, j'aurai plein d'idées si j'avais un pouvoir moi j'vous le dis. Est-ce que j'aurais pour ambition de sauver le monde pour autant ? Je ne sais pas, déjà sauver mon propre monde ça serait pas mal, parce que là il se barre juste en cacahuètes, donc un petit coup de baguette magique ne ferait pas d'mal.

Je m'appelle Pierce, comme Pierce Brosnan c'est plutôt la classe non ? Mon père étant un grand fan de James Bond, il tenait absolument à ce que je porte ce prénom. À défaut d'être un super espion, il était policier alors je l'admirais quand même beaucoup lorsque j'étais gosse, je disais à qui voulait bien l'entendre qu'il était dans la police et arrêtait les méchants. Ma mère quant à elle était infirmière, donc elle était elle aussi une super héroïne en quelque sorte, même si j'étais moins fan de son métier car je détestais mettre les pieds dans un hôpital. Ma petite sœur étant malade, je devais souvent m'y rendre, les pieds à reculons, même si je l'adorais j'étais toujours très triste de la voir dans cet endroit. Heureusement pour elle, elle était plus mature que moi donc elle relativisait plus, tandis que moi je restais le véritable bébé de cette famille malgré mon âge plus avancé.

Les années passent mais n'arrivent pas à me débarrasser de ce syndrome de Peter Pan. Ce n'était pas trop un problème à l'adolescence, mis à part pour les professeurs. J'étais le mec sympa avec qui on adorait traîner, je trouvais toujours le moyen de faire rire mon entourage. Blaguer a toujours été vital pour moi, certainement parce que l'ambiance était un peu pesante à la maison, entre les menaces que recevait mon père et le chagrin que pouvait ressentir ma mère lorsque ses patients préférés décédaient... Le rêve d'entrer à mon tour dans la police ne fut plus qu'un lointain souvenir, laissant place à l'incertitude. Je ne savais pas quoi faire de ma vie, j'aurais pu tomber dans le cliché de celui qui veut finir dans le médical, pour aider les personnes qui sont dans la même situation que ma sœur, mais non. En réalité je rêvais plutôt de devenir humoriste, mais je taisais ce désir que je savais qu'il allait m'attirer des railleries et qu'on allait me dire que ce n'était pas un emploi stable.

Est-ce bien utile de vous préciser qu'entrer dans la vie d'adulte m'a été particulièrement difficile ? Je n'ai pas été très brillant en matière d'études et je n'avais pas de talent particulier, j'ai donc commencer à travailler en étant équipier dans ce bon vieux MacDo comme beaucoup de jeunes. J'étais un gros dévoreur de burgers et je peux vous dire que travailler là-dedans m'a vacciné, entre les soucis d'hygiène et cette odeur de gras qui me collait à la peau, c'était devenu difficile d'emballer les filles. En parlant de ça, j'ai toujours eu du mal à rester en couple bien longtemps, parce qu'elles me prenaient beaucoup trop la tête alors que je suis un gars chill. Cependant mon âge a fini par me rattraper, à partir de 30 ans je me suis dit bon il serait temps d'être un peu plus sérieux. J'avais l'impression d'avoir raté le train car toutes les femmes que je trouvais géniales étaient déjà prises, jusqu'à ce que je rencontre Barbara. Je l'avais dragué de façon complètement nulle en lui disant qu'elle était " une femme Barbara Gould " et pourtant elle ne m'a pas repoussé.

Au bout de deux ans de relation, je lui ai demandé sa main et elle a accepté, faisant de moi l'homme le plus heureux de la terre. Malheureusement elle s'est volatilisée quelques semaines avant la date de notre mariage, me brisant totalement le cœur. Je ne comprends pas comment elle a pu me faire ça, se défiler ainsi alors qu'elle aurait tout simplement pu annuler, cela ne lui ressemble pas, mais connaissons-nous véritablement par cœur nos proches ? ...